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Piano carré vertical

Fig.1

Piano droit (vue de face), Jean-Joseph Merlin, Londres, vers 1800, inv. 1632

Piano droit (vue de face), Jean-Joseph Merlin, Londres, vers 1800, inv. 1632

Fig.2

Piano droit (signature), Jean-Joseph Merlin, Londres, vers 1800, inv. 1632

Piano droit (signature), Jean-Joseph Merlin, Londres, vers 1800, inv. 1632

Fig.3

Piano droit (vue de la mécanique), Jean-Joseph Merlin, Londres, ca 1800, inv. 1632

Piano droit (vue de la mécanique), Jean-Joseph Merlin, Londres, ca 1800, inv. 1632

Fig.4

Portrait de Jean-Joseph Merlin, Thomas Gainsborough, 1781, Londres, ©Kenwood House

Portrait de Jean-Joseph Merlin, Thomas Gainsborough, 1781, Londres, ©Kenwood House

Fig.5

Siège pour goutteux

Siège pour goutteux

Si la facture des pianos « droits » au sens actuel du terme ne débute pas avant 1810, l’idée d’un piano « vertical » est exploitée par les facteurs de piano dès le début du 18e siècle. L’objectif visé est de construire un instrument moins encombrant que le piano à queue mais aux mêmes capacités sonores. De très nombreuses tentatives sont faites et des modèles de toutes tailles voient le jour. Ce petit instrument illustre avec brio l’une de ces tentatives : il s’agit d’un piano « carré » ou d’un piano « table » astucieusement placé verticalement plutôt qu’horizontalement. Il porte la signature de Jean-Joseph Merlin et date de 1800 environ. Plaqué de bois de citronnier, l’instrument est doté d’une « mécanique anglaise à tige » permettant aux marteaux de frapper les cordes disposées sur un plan oblique. On observe également les traces d’une pédale qui actionnait l’ouverture d’une partie du couvercle de façon à accroitre la sonorité produite.

Jean-Joseph Merlin (Huy, 6 septembre 1735 – Londres, 4 mai 1803), originaire de la ville de Huy en province de Liège est mécanicien et horloger de formation. Il s’installe à Londres en 1760 après six années passées à Paris, vraisemblablement invité par l’Académie des Sciences. Merlin est en effet un inventeur prolifique qui fait preuve d’une imagination débordante. Il dépose de nombreux brevets tant pour des instruments de musique, que pour des automates, des instruments mathématiques ou des objets divers et variés tels un pèse-personne, une balance de précision, une rôtisseuse ou une chaise roulante pour les personnes souffrant de la goutte.

Merlin semble également un personnage fantasque. On raconte qu’il arriva un jour à une soirée mondaine, jouant du violon tout en étant chaussé de patins à roulettes qu’il venait de mettre au point. Manquant d’équilibre, il chuta dans un miroir de valeur, « le brisa en atomes, cassa son instrument en morceaux et se blessa sévèrement ».

Dans les années 1780, ayant élu domicile dans le quartier à la mode d’Hanover square, l’inventeur ouvre le « Merlin’s Mechanical Museum », surnommé la « grotte de Merlin », où il expose ses nombreuses réalisations aux côtés d’objets insolites et où le droit d’entrée est ristourné pour tout achat effectué...

On le voit, le petit piano vertical exposé dans les salles du MIM n’est qu’une des multiples inventions de cet homme de génie immortalisé par le peintre anglais Thomas Gainsborough.

Texte : Pascale Vandervellen