Originaire de Calcutta et membre de la branche Pathuriaghata des Tagore, le rajah - titre essentiellement honorifique décerné par le Raj britannique - Sourindro Mohun Tagore (1840–1914) fut, dans le dernier quart du XIXᵉ siècle, un acteur de la Renaissance du Bengale. Musicologue, il s’attacha tout particulièrement à hisser les répertoires musicaux du Bengale au rang de musique classique nationale, en remettant au jour certains concepts issus de la tradition sanskrite. À partir de 1870, il créa des écoles de musique, rédigea de nombreux ouvrages théoriques (en partie destinés aux précédentes)...
Originaire de Calcutta et membre de la branche Pathuriaghata des Tagore, le rajah - titre essentiellement honorifique décerné par le Raj britannique - Sourindro Mohun Tagore (1840–1914) fut, dans le dernier quart du XIXᵉ siècle, un acteur de la Renaissance du Bengale. Musicologue, il s’attacha tout particulièrement à hisser les répertoires musicaux du Bengale au rang de musique classique nationale, en remettant au jour certains concepts issus de la tradition sanskrite. À partir de 1870, il créa des écoles de musique, rédigea de nombreux ouvrages théoriques (en partie destinés aux précédentes), composa des pièces illustrant sa vision personnelle de la musique hindoustanie et développa, à l’occasion, une notation musicale originale. Dans cette perspective, il fit également construire de très nombreux instruments de musique qu’il offrit, accompagnés de ses propres écrits et traductions, à une quarantaine de gouvernements et institutions à travers le monde : Royaume-Uni, Belgique, États-Unis d’Amérique, France, Australie, Autriche-Hongrie, etc. Témoignant d’une conception de la musique hindoustanie mêlant considérations nationalistes et coloniales, traditionalistes et modernistes, artistiques et politiques, ces ensembles instrumentaux sont aujourd’hui conservés dans des musées du monde entier.
La collection d’instruments, de livres et de partitions envoyée par le rajah Tagore en Belgique est certainement l’une des plus remarquables au monde. Fruit d’une donation faite à Léopold II en 1876, elle fut offerte peu de temps après au Conservatoire royal de Bruxelles où, avec la collection Fétis, elle permit la création du Musée instrumental, l’ancêtre du MIM. Rassemblant près d’une centaine d’instruments (no inv. 01-98), ce noyau initial contribua largement à l’élaboration de la première classification scientifique des instruments de musique de Victor-Charles Mahillon (1841-1924), le premier conservateur du musée.
Jusqu’à la fin de sa vie, Sourindro Mohun Tagore et Victor-Charles Mahillon restèrent en contact épistolaire : le premier envoyait ses ouvrages les plus récents et, occasionnellement, des instruments (par exemple la boîte à musique no inv. 1946 qui reproduit huit de ses compositions), tandis que le second sollicitait diverses informations sur les traditions musicales indiennes.
