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Harmonica

Fig.1

Harmonica, inv. 2017.0019.011

Harmonica, Hohner, Trossingen, avant 2000, inv. 2017.0019.011

Fig.2

Harmonica, inv. 2017.0019.011

Harmonica, Hohner, Trossingen, avant 2000, inv. 2017.0019.011

En ce mois d’avril s’ouvre à la Bibliothèque royale (KBR), à quelques pas du MIM, l’exposition « Toots 100. The Sound of a Belgian Legend ». Fruit d’une collaboration entre KBR et les Musées royaux d’Art et d’Histoire par l’intermédiaire du MIM, il s’agit d’une exposition riche en musiques et en documents, qui retrace le parcours phénoménal du plus grand harmoniciste de jazz : Toots Thielemans (1922-2016). Plusieurs instruments des collections du MIM figurent bien sûr dans l’exposition, mais beaucoup d’autres restent à découvrir au sein du musée, comme un harmonica un peu particulier ayant appartenu à Toots.

Mais d’abord quelques petits rappels. L’harmonica est un instrument à vent dit « à anches libres ». Constituée d’une fine lamelle de métal, l’anche qui met l’air en vibration pour former un son, est dite « libre » car elle se déplace librement de part et d’autre de son axe, de sa position de repos. Dans le cas de l’harmonica, elle est mise en oscillation par l’action d’un courant d’air généré par le souffle de l’instrumentiste.

Les premiers harmonicas sont apparus à Vienne en 1825, avant de conquérir toute l’Europe, puis les États-Unis et le reste du monde. D’abord purement artisanale, leur production deviendra industrielle pour atteindre annuellement 50 millions d’unités au milieu des années 1920. Parmi les principaux producteurs d’harmonicas, il faut citer la firme allemande Hohner, fondée à Trossingen en 1857, qui va populariser ce petit instrument bon marché que l’on peut emporter partout avec soi.

Il existe deux types principaux d’harmonicas : le diatonique et le chromatique. Pour utiliser une comparaison facile, on peut dire que le diatonique est essentiellement limité aux notes blanches d’un clavier de piano, tandis que le chromatique peut jouer toutes les notes, demi-ton par demi-ton. Sous ses capots de protection, l’harmonica chromatique contient les éléments de deux harmonicas diatoniques, accordés à un demi-ton d’écart. Grâce à un petit levier situé sur le côté de l’instrument, appelé « tirette », le musicien peut sélectionner l’un ou l’autre des harmonicas internes afin d’accéder à toutes les notes de la gamme. Astucieux !

L’harmonica chromatique standard comporte 12 trous, ronds ou carrés, et possède une étendue de trois octaves. Chaque trou est doté de quatre anches, deux accessibles sans l’usage de la tirette et deux nécessitant la tirette, que les notes soient soufflées ou aspirées par l’instrumentiste. Au total, cela fait 48 petites lamelles vibrantes.

Toots Thielemans jouera sur un harmonica chromatique de la marque Hohner, modèle Chromonica, la série de référence de la marque. Mis sur le marché dès 1925, c’est aussi le chromatique le plus vendu au monde. Le spécimen mis ici en évidence possède un corps central en bois, des plaques d’anches et des anches en laiton et des capots en plexiglas qui permettent de voir les plaques et les anches elles-mêmes. Toutes les anches ont été accordées manuellement avant de sortir de l’usine, puis doivent être épisodiquement entretenues et réaccordées.

La firme Hohner produira également deux modèles d’harmonicas chromatiques orientés « jazz » et estampillés par Toots, sur la base d’un Chromonica : le Toots’ Hard Bopper au son puissant et le Toots’ Mellow Tone à la sonorité plus chaude. Mais ceux-ci sont à voir dans l’exposition à KBR !

Texte : Géry Dumoulin